Les chèvres issues d’insémination artificielle
La moitié du troupeau est inséminée avec un taux de réussite en IA de 65 %. Les éleveurs distribuent du Phosphico pour favoriser l’expression des chaleurs. « Nous ne conservons que des chevrettes issues d’insémination artificielle à 95 %. Les autres, 200 environ sont vendues à une pépinière, ainsi que 90 mâles. Il reste toujours quelques chevrettes, nous les élevons car nous sommes incapables de les envoyer à l’abattoir. Aucune chèvre n’est laissée pour compte ».
Nicolas Turpault est exigeant en génétique. Les doses proviennent des meilleurs boucs du catalogue de Capgènes, le centre de sélection. L’ICC des mâles utilisés en 2018 est de 4,9 et l’IMC de 108. C’est ainsi que l’index de synthèse ICC et IPC évoluent au fil des années au-dessus de la moyenne des
élevages de race Alpine. En conformation de mamelle, 72 % des chèvres du Gaec Turpault sont notées 3 quand seulement une sur deux le sont chez les adhérents du centre de sélection. Le Gaec compte aussi 5 % de chèvres notées 4, la note maximale.
L’organisation privilégie les soins aux chèvres
Avec près de 400 mises-bas, il faut être organisé. À la mise-bas, le chevreau est séparé de la mère. « Il est très difficile de les habituer à la tétine s’ils ont tété leur mère auparavant ». Les nouveau-nés sont placés dans une case pour le premier jour, au cours duquel ils auront leur buvée de colostrum, issu de mères du troupeau. Les chevrettes reçoivent leur collier orange, qui les identifie efficacement.
Le 2e jour, le chevreau passe dans un lot avec quelques jeunes congénères. À quelques jours, ils sont transférés dans un lot plus important, à un âge où ils peuvent s’imposer si nécessaire. Le lait reconstitué, Neomilk Technic
Chevreau, est mis à disposition dans un seau à tétines. Ensuite, ils rejoignent les chevreaux nourris à la louve, avant de transiter vers le 4e lot de préparation au sevrage. En plus du lait reconstitué, les chevreaux disposent d’un aliment floconné, le Neovo Flocon.
Le marquage des chevrettes facilite le tri
Les femelles seront sevrées à 18-20 kg, pas avant 2 à 2,5 mois, soit avec un GMQ de 200 g : « le sevrage crée un stress, une chèvre peut perdre plus d’un kilo. Il faut donc qu’elles soient bien conformées pour franchir cette étape ». Après sevrage, les chevrettes ont une ration à base de paille et de foin de RGI, avec un concentré 2e âge. Les mâles, à la croissance plus rapide, sont sevrés plus tôt, à 1,5 – 2 mois. Les éleveurs ont mis au point un protocole de marquage dans ce lot pour ne pas perdre de temps dans le tri. « Nous appliquons des tags de couleurs différentes sur le dos des animaux, nous identifions certains mâles avec des boucles. Ainsi, nous repérons rapidement les chevrettes que nous réservons pour l’élevage ou celles destinées à la pépinière, les boucs écornés, ceux retenus par le centre d’insémination… ». Le Gaec Turpault fournit environ 200 chevrettes et une cinquantaine de mâles à la pépinière de Jérôme Clochard.
Améliorer le confort, renforcer la qualité
Les emprunts sont bientôt remboursés. Les investissements consistent désormais à apporter des améliorations pour la conduite et le confort des chèvres. Ainsi, le Gaec a investi dans des abreuvoirs chauffants en 2017 et toutes les canalisations sont isolées. « Nos chèvres ont ainsi de l’eau tiède en hiver et de l’eau tempérée en été à 20-21 °c. Nous avons gagné 15 kg de lait par chèvre en 2018, cet équipement explique en bonne partie cette progression ». Autre investissement, lui prévu en 2019 : un équipement de lavage et de désinfection des manchons trayeurs entre chaque chèvre, qui sera installé tous les trois postes de traite. « Nous rallongerons la traite de 15 à 20 minutes, mais nous allons amortir rapidement le matériel en réduisant les pénalités sur les taux cellulaires, qui nous coûtent aujourd’hui environ 5 000 € par an ».
Article issu du magazine Neolait : L’éleveur de France N°8