La réussite de la lactation de la chèvre se joue dès la préparation mise-bas. Au cours de cette période, qui englobe le dernier mois de gestation, les risques métaboliques (toxémie de gestation, hypocalcémie, non-délivrance, …) sont les plus importants. Leur maîtrise est donc essentielle et passe par la mise en place d’une ration adaptée qui favorisera le bon déroulement des mises-bas, assurera la santé générale de la mère et de ses petits et permettra un bon démarrage en lactation.
Parmi les troubles métaboliques rencontrés chez la chèvre gestante, la toxémie de gestation est le plus fréquent. Elle apparaît principalement dans les six semaines précédant la mise-bas et est la conséquence d’une alimentation inadaptée. En effet, au cours du dernier mois de gestation, la capacité d’ingestion de la chèvre s’amenuise en continu.
Or, dans le même temps, la chèvre voit ses besoins énergétiques s’accroitre considérablement. Si la ration n’est pas ajustée pour faire face à ces évolutions, un déficit énergétique s’installe et la chèvre puise alors dans ses réserves corporelles pour subvenir à ses besoins.
Mais la mobilisation intense et continue des réserves adipeuses conduit à une accumulation de molécules toxiques (corps cétoniques) dans l’organisme, c’est la toxémie de gestation, avec comme première conséquence une baisse de l’immunité et donc une sensibilité accrue aux autres troubles métaboliques et maladies infectieuses.
Le risque de toxémie sera d’autant plus important en cas de portées multiples, de potentiel de production élevé et de chèvres grasses au tarissement. Les premiers signes qui doivent alerter en élevages sont un état de faiblesse, la baisse d’ingestion, des chèvres couchées et qui s’isolent. Néanmoins, de nombreuses chèvres en fin de gestation n’expriment que la forme sub-clinique de la toxémie de gestation et ne montrent par conséquent aucun symptôme visible.
Quant à la fièvre de lait, elle est nettement moins fréquente chez la chèvre que chez la vache laitière. Elle est souvent associée à la toxémie de gestation et se déclare lors de situation à risque : ration avant mise-bas haute en calcium et/ou potassium, chèvre haute productrice.
Un régime alimentaire et une complémentation adaptés aux besoins de fin de gestation permettent de diminuer l’incidence des troubles métaboliques. On veillera en particulier à :
Le principal enjeu des dernières semaines de gestation est de maintenir une capacité d’ingestion élevée, avec 10% à 20% de volume de rumen en moins.
Pour ce faire, dans la pratique, les fourrages de qualité et les concentrés (céréales, tourteaux) distribués en lactation sont introduits progressivement avant mise-bas.
L’objectif est d’atteindre 40 à 50% de la ration du pic au 5ème mois de gestation et 60% à la mise-bas.
En plus de densifier la ration, la distribution de concentrés pendant cette période stimule le développement des papilles ruminales, nécessaires pour une bonne valorisation de la ration en lactation.
La ration de préparation est complétée par un foin (de préférence de graminée) fibreux et appétent qui assure le maintien du volume du rumen.
Au final, dans les trois dernières semaines de gestation, l’ingestion quotidienne devra être d’1,8kg de matière sèche minimum et la densité énergétique de la ration comprise entre 0,85 et 0,90 UFL/kg de matière sèche.