De 1 mois jusqu’à 6 mois les génisses sont en cases collectives. Leur nombre est limité à 8 maximum par case.
Tout est réfléchi et organisé au Gaec Raguin pour atteindre les 40 kg de lait par vache et par jour. A commencer par les génisses laitières, élevées selon des protocoles bien rôdés. Leur élevage est une des clés de la productivité et de la rentabilité de l’exploitation.
C’est à Charnizay, en Indre-et-Loire, que se situent le Gaec Raguin et ses quatre associés : Florence et Yoann Champion, Denis et Vincent Raguin. Accompagnés de leurs conseillers Jérôme Périvier (Neolait) et Thomas Gisselbrecht (Touraine Conseil Elevage), les éleveurs mettent tout en œuvre pour obtenir une productivité et une rentabilité élevées. Leurs 120 prim’holsteins sont à 38 kg de lait par jour, non loin de l’objectif des 40 kg. Le Gaec affiche une marge sur coût alimentaire supérieure à 11 € par ache et par jour.
Plusieurs paramètres expliquent ces performances, parmi lesquels la génétique, la qualité des fourrages, le rationnement des vaches laitières, le confort du bâtiment, la conduite du tarissement… sans oublier l’élevage des génisses !
Les associés du Gaec Raguin y accordent une attention toute particulière comme en témoignent les protocoles mis en place et le suivi précis de chaque génisse. Un investissement sur le long terme qui commence dès les premiers jours de vie du veau.
Le colostrum pour un bon départ
Après le vêlage, les veaux sont rapidement placés en cases individuelles pour éviter d’être contaminés par des pathogènes présents dans le box de vêlage. « Le veau arrive toujours dans une case propre », souligne Florence Champion, en charge de l’élevage des veaux au sein du Gaec. Ensuite, le nombril est désinfecté et le colostrum de la mère est collecté.
Huit litres de colostrum sont prélevés, 4 litres sont distribués au biberon le plus rapidement possible après le vêlage et les 4 litres restants sont donnés lors de la 2ème buvée. Florence Champion assure un suivi régulier de la qualité des colostrums. Ceux-ci titrent en moyenne 24% Brix, soit 74g d’immunoglobulines par litre… de quoi assurer une bonne couverture immunitaire du veau au cours de ses premières semaines de vie.
Mesure régulière de la qualité
Le veau reçoit du colostrum conservé au congélateur, si le colostrum de sa mère n’est pas de bonne qualité (< 22% Brix). « Nous y conservons toujours du bon colostrum » indique Florence Champion. En plus de mesurer la teneur en immunoglobulines du colostrum, les éleveurs envisagent à court terme de suivre le taux sanguin d’immunoglobulines G (IgG) des veaux âgés de 2 à 7 jours. L’objectif sera d’évaluer la qualité du transfert d’immunité de la mère au veau via la prise colostrale.
Les veaux reçoivent le lait de leur mère jusqu’à l’âge de trois jours, à raison de deux repas de 4 litres par jour. A partir du 4e jour, les veaux passent sur un aliment d’allaitement distribué en deux repas de 4 litres par jour et à la concentration de 150g/litre de buvée (soit 170g/l d’eau). Le Gaec Raguin utilise le Néomilk GT comme aliment d’allaitement. Cet aliment dose 26 % de protéines brutes et 17 % de matières grasses. Il est équilibré en acides aminés essentiels afin de transformer plus efficacement la protéine ingérée en tissu musculaire.
Alimentation lactée : précision et rigueur
Le volume maximal de buvée est atteint à l’âge d’un mois : les veaux reçoivent alors 5 litres de buvée par repas, ce qui représente 1,5 kg de Nomilk GT par jour. Trois semaines avant la date prévue de sevrage, le volume de buvée diminue par palier pour atteindre 2 litres en un seul repas cinq jours avant le sevrage.
Au total, chaque veau consomme 79 kg de Néomilk GT jusqu’au sevrage à 70 jours. Les éleveurs décident de sevrer un veau selon deux critères : le poids, qui doit être multiplié par deux entre la naissance et le sevrage. Et la consommation d’aliment solide. Le sevrage est repoussé de quelques jours si le veau n’a pas atteint les objectifs.
Depuis un an, la préparation et la distribution de la buvée sont réalisées à l’aide d’un taxi à lait, un investissement que les éleveurs ne regrettent pas. En plus du confort de travail apporté, l’outil permet d’obtenir une préparation homogène et régulière.
Des consignes écrites
Les consignes de préparation de la buvée sont inscrites par Florence Champion dans la laiterie : la personne en charge des veaux sait ainsi quelles quantités d’eau et d’aliment d’allaitement sont nécessaires pour préparer le bon volume de buvée à la bonne concentration.
Dans la nurserie, des tableaux indiquent la quantité de lait à distribuer par veau. Le risque d’erreur est ainsi limité. Les éleveurs s’assurent que chaque veau suit de manière précise le plan d’allaitement prévu. Après chaque distribution, le matériel de préparation et de distribution de la buvée est systématiquement nettoyé et désinfecté, et les seaux sont mis à égoutter.
Un aliment fermier dès trois jours
Les veaux disposent d’eau et d’un aliment fermier dès l’âge de trois jours. Ce dernier vise à garantir un développement précoce du rumen et un sevrage réussi. Il se compose de 60% de farine de maïs, issue de l’exploitation, et de 40% de tourteau de colza. Il est distribué dans un seau peu profond et renouvelé régulièrement pour favoriser sa consommation.
Le sevrage progressif par palier stimule la consommation d’aliment solide au cours des trois dernières semaines de la phase lactée. Au sevrage, à 10 semaines, les veaux en consomment environ 3 kg par jour. La fibre, ici du foin, est introduite à l’âge d’un mois lorsque les veaux passent en case collective.
L’eau de boisson, distribuée dans un seau, permet le brassage des aliments dans le rumen et la mise en place de la flore ruminale. Les éleveurs du Gaec Raguin observent des consommations pouvant aller jusqu’à cinq litres d’eau par jour sur les veaux de moins d’un mois.
Des résultats conformes aux objectifs
Les associés du Gaec Raguin réalisent un suivi précis et régulier de l’élevage des génisses. Les conditions de vêlage, la quantité distribuée de colostrum, les mesures de tour de poitrine et les évènements sanitaires sont enregistrés pour chaque génisse.
Quatre mesures de tour de poitrine sont réalisées : à la naissance, à deux mois, à six mois et à l’insémination. Les résultats de croissance sont conformes aux objectifs. Le GMQ moyen est de 900 g entre la naissance et six mois ; de 850 g pendant les deux premiers mois.
Les génisses sont mises à la reproduction à l’âge de 14 mois et pèsent en moyenne 442kg. Pour les éleveurs, une génisse qui n’atteint pas les objectifs de croissance ne sera pas une bonne laitière. Des génisses sont donc parfois réformées si elles accusent un retard de croissance trop conséquent. Sur le plan sanitaire, les diarrhées et les troubles respiratoires sont maîtrisés, notamment grâce aux nombreuses actions préventives mises en place : vaccination des mères et des génisses, distribution rapide d’un colostrum de qualité, rigueur et précision dans la préparation de la buvée et maîtrise de l’hygiène.
De 1 mois jusqu’à 6 mois les génisses sont en cases collectives. Leur nombre est limité à 8 maximum par case.
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