La présence de mycotoxines dans les rations est de plus en plus souvent suspectée et/ou confirmée. De même pour leur impact sur la santé des bovins. Mais ce dossier reste très complexe… tentons de l’expliquer.
Le risque mycotoxine est réel : il ne doit être ni sous-estimé, ni sur-estimé. Les mycotoxines ne sont pas responsables de tous les « dérapages » au niveau des taux cellulaires, mais elles expliquent des dégradations nettes de production ou d’immunité. Le risque peut être estimé de façon suffisamment précise grâce aux observations en élevage, aux enquêtes annuelles et aux analyses. Contrôler l’impact des mycotoxines est possible, en complément d’une gestion optimale de l’élevage.
Une mycotoxine, c’est quoi ?
C’est une substance toxique (dangereuse pour les animaux) produite par des champignons, visibles (exemple : moisissures des ensilages mal conservés) ou invisibles (exemple : fusarioses des céréales). Les mycotoxines sont nombreuses et fréquentes. La véritable question est de savoir si le risque est présent et s’il est élevé.
Les mycotoxines où sont-elles ?
Les mycotoxines peuvent être présentes dans tous les produits où des champignons ont pu se développer :
- On parle de mycotoxines de stockage ou de conservation, lorsqu’on les trouve dans les produits mal conservés : ensilages , céréales, co-produits…
- On parle de mycotoxines « au champ », lorsqu’elles sont présentes dans les plantes contaminées par des champignons pendant leur période de végétation (fusarioses du maïs, par exemple).
Les mycotoxines, quels effets sur les animaux ?
Il y a plusieurs dizaines de mycotoxines différentes et leurs effets sont multiples.
Mycotoxines « au champ ». Elles sont produites par des champignons de la famille des Fusarium.
- Les trichothécènes (DON…) perturbent la digestion et la production, elles affaiblissent l’immunité.
- Les zéaralénones dégradent la reproduction.
- Les fumonisines entrainent une souffrance hépatique et rénale, perturbent la production.
Mycotoxines de stockage. Elles sont produites par des champignons de type Aspergillus et Penicillium
- Les aflatoxines sont toxiques pour le foie, réduisent la production et l’immunité.
- Les ochratoxines dégradent l’immunité, elles sont toxiques pour le système nerveux et le rein.
- La patuline présente des risques de troubles digestifs.
- La roquefortine entraine des risques d’avortements.
En résumé, les risques potentiels liés aux mycotoxines sont importants, mais les symptômes sont non spécifiques. Il va falloir trouver des moyens de diagnostic ou d’analyse pour connaître le plus précisément possible la situation de l’élevage.
Les mycotoxines, comment caractériser le risque ?
Les mycotoxines de conservation sont visibles. C’est simple : on voit les champignons (ou moisissures) dont la majorité est potentiellement dangereuse. Il suffit d’écarter les zones atteintes.
Pour les autres mycotoxines non visibles, deux possibilités : soit on procède directement à l’analyse, soit on estime le risque par le recensement des « facteurs de risque ». Ces facteurs de risque sont différents selon la catégorie de mycotoxines :
- Mycotoxines au champ : absence de rotation, culture simplifiée, non labour, réduction des traitements, impact des insectes parasites, stress des cultures
- Mycotoxines de stockage : fermentation anormale, risque lors de la conservation.
Nous disposons d’enquêtes annuelles régulières sur les risques de présence des principales mycotoxines, à la fois dans les fourrages et dans les céréales récoltées. Chaque année, nous avons ainsi une première estimation des risques potentiels.
En France, les mycotoxines au champ invisibles les plus fréquentes sont les trichothécènes, les zéaralénones et les fumonisines.
Les analyses : c’est le seul moyen d’avoir une estimation précise du risque au niveau d’un élevage. 2 types d’analyses sont possibles :
- Une analyse rapide du taux de la mycotoxine DON (désoxynivalénol) : cette trichothécène est la plus fréquente dans les ensilages de maïs
- Une analyse complète (plus de 30 mycotoxines détectées).
Les résultats sont interprétés pour estimer d’une part l’effet de la dose mesurée, et d’autre part l’action cumulée et pondérée des différentes mycotoxines de la même famille.