La production laitière (six millions de tonnes) se répartit principalement sur deux régions : l’une « montagnarde », dans le Nord-Ouest, la Galice et la côte Nord avec de petites exploitations, limitées en surfaces fourragères. L’autre, de plaine, dans le Centre de l’Espagne et le contour méditerranéen, avec peu d’exploitations mais de grande taille, qui pratiquent l’irrigation du maïs et de la luzerne.
La plus grande région laitière se situe dans le Nord, et notamment en Galice qui produit 38 % du lait collecté. Elle représente 42 % des 825 000 vaches laitières (moins de 50 vaches par élevage) et 55 % des exploitants laitiers (l’Espagne compte 14 691 élevages laitiers fin 2017). C’est aussi cette région qui connait la plus forte restructuration, perdant 1 000 exploitations laitières par an. Souvent, deux à trois élevages se regroupent pour former des troupeaux de 100 à 300 vaches, sans ou avec peu de salariés. Leur problème étant alors principalement de fournir les fourrages nécessaires au troupeau. Les concentrés représentent 30 à 60 % des rations mélangées.
Le nombre d’exploitations laitières (en moyenne 90 vaches) recule aussi dans le Centre et l’Est, mais la taille des élevages laitiers y progresse fortement : on y trouve aujourd’hui des troupeaux de 1 000 vaches et plus.
La collecte laitière espagnole ne représente que les 2/3 des produits laitiers consommés dans le pays. Le lait de consommation pèse la moitié de cette collecte. Lactalis est le plus grand industriel laitier du pays et collecte 20 % du lait. La filière est ensuite composée de petites compagnies locales, spécialisées dans le lait de consommation… dont la valeur ajoutée est faible, car produit low cost pour la grande distribution, dominée par deux distributeurs, l’un français (Carrefour), l’autre espagnol (Mercadona).
Au nord de l’Espagne, l’élevage Sat Arenas fait partie des grands troupeaux de la région qui se restructurent pour assurer leur avenir. Si cela s’impose pour faire face à l’évolution du marché laitier, ils sont confrontés à un autre challenge, peut-être plus difficile : l’approvisionnement en fourrages.
L’élevage Sat Arenas est composé d’un troupeau de 125 vaches (à plus de 40 kg de lait par jour aujourd’hui), et est sité à une quinzaine de kilomètres de Santander, en Cantabrie au nord de l’Espagne. Avec seulement 45 ha de terres, les associés n’ont guère le choix : toute la surface est consacrée aux fourrages nécessaires à l’élevage, maïs et herbe.
Autre solution pour faire face au manque de surfaces fourragères : les 120 génisses sont emmenées (à quinze jours d’âge) à 400 km de là, dans une exploitation spécialisée, qui élève plus de 8 000 génisses venant de toute l’Espagne. Les associés ont un contrat avec un minimum de GMQ et de réussite en IA. Ces génisses reviendront deux mois avant leur vêlage (âge moyen au vêlage : 23,6 mois – vêlage de deux ans) dans le lot de vaches taries.
Dès leur installation, ils ont investi dans des bâtiments, avec comme priorités le confort des vaches et l’ergonomie de travail. En 2010, ils clôturaient leur projet de modernisation avec deux robots Lely, des logettes avec litière en sable et la ventilation de la stabulation.
Le nouveau bâtiment abrite les vaches en lactation, la laiterie et le bureau. Il se situe à proximité de l’ancienne stabulation où sont désormais élevées la vingtaine de vaches taries et les génisses en fin de gestation. L’ancien bâtiment abrite aussi le box de vêlage, désinfecté après chaque vêlage.
Quant aux veaux, ils passent deux semaines en niches individuelles, situées à côté de l’ancienne stabulation. Ils reçoivent du colostrum provenant de mamelles saines. Les éleveurs utilisent un réfractomètre pour mesurer sa qualité. A la fin de la 2e semaine, les jeunes génisses sont emmenées sur l’élevage spécialisé, à 400 km de l’exploitation.
Si vaches laitières et vaches taries sont nourries en ration mélangée, les premières ont leur complémentation au robot de traite.
La ration des vaches en lactation se compose d’ensilage de maïs et d’herbe, de paille de blé et de deux concentrés différents : l’un distribué dans la ration mélangée, l’autre au robot de traite. Ces concentrés apportent des vitamines, minéraux et la spécialité Aspergillus pour la digestion des fibres. L’efficacité de l’alimentation est évaluée à deux stades :
Pour la préparation au vêlage, les éleveurs sont très attentifs au confort des vaches et à la gestion des silos pour obtenir sans cesse la meilleure ingestion possible de matière sèche. Autres priorités : réduire le stress autour du vêlage, limiter la densité animale, éviter tout stress lié à l’éleveur ou au changement de lot. Pour les fraîches vêlées, un protocole rigoureux et individuel est mis en place pour assurer la santé des vaches après le vêlage : trois bolus de calcium, dont deux le 1er jour du vêlage, et le dernier au 2e jour ; des précurseurs du glucose quelques jours avant le vêlage et pendant une à deux semaines après vêlage…
Article issu du magazine Neolait : L’éleveur de France N°6
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